Racontez-moi ! [RP ouvert]

Le temps allait être merveilleux aujourd’hui, Maribel le sentait. Depuis sa petite maison dans la roche, pourtant pas incroyablement éclairée, elle pouvait voir les rayons de lumière s’infiltrer puissamment sous sa porte. D’humeur particulièrement joviale aujourd’hui, elle s’habilla rapidement de sa jupe violette brodée et de son chemisier blanc assorti. Elle hésita un instant sur sa coiffure. Elle aurait bien voulu les laisser libres mais ils n’étaient pas de première fraicheur et elle était trop pressée pour laver et démêler ses boucles rebelles, ça lui prenait toujours des heures. Elle opta donc pour un chignon bas sur la nuque et une fleur piquée histoire de s’enjoliver un peu. Enfin elle sauta dans ses espadrilles et ouvrit grand la porte : aujourd’hui, c’était son jour de repos et elle se sentait prête à rivaliser avec le soleil ! Elle inspira profondément l’air marin. Frais et salin, une légère odeur d’algue lui fit dire que le beau temps ne durerait pas éternellement. D’ici ce soir, elle pariait que les vents allaient changer, et ici, c’était souvent le présage d’une tempête. Qu’à cela ne tienne, elle profiterait d’autant plus du moment présent !
Puisqu’elle était d’aussi bonne humeur, Maribel décida que la journée se prêtait bien aux rencontres, ce fut donc tout naturellement qu’elle choisit de descendre vers la salle communautaire. Les grandes ouvertures sur la place du marché lui permettraient de profiter du soleil sans être sous le vent. Elle salua gaiement tous ceux qu’elle croisa. Des gens de son étage, de sa communauté. Des amis, des connaissances… Mari les aimait beaucoup mais… Elle avait besoin de conversations… plus exotiques ? C’était le second intérêt de la salle communautaire : on y trouvait toujours du monde, et c’était là qu’on trouvait le plus facilement de nouvelles têtes. La colosse croisa les doigts. Pourvu qu’il y ait des gens venus de loin ! Avec des histoires d’aventures, pleines de dangers mais qui se finissaient forcément bien puisque la personne pouvait elle-même les raconter !
Mari était une grande romantique. Elle qui rêvait de voyages mais qui ne pouvait les vivre à cause de ses obligations se noyait de tout son soûl dans ceux des autres.
Lorsque l’ascenseur se stabilisa au cinquième étage, elle en descendit allégrement. C’était l’heure de sa dose de récit. Elle se força à ralentir et à alourdir son pas plutôt guilleret. Elle voulait des histoires de pirates, des histoires de zones non-explorées, des histoires à frissonner ! Pas questions de passer pour une gamine pour qui il faudrait les édulcorer ! Elle s’assit facilement sur un banc, en périphérie de la salle, tâchant de se composer cet air dur mais avenant qu’elle avait travaillé à cette occasion. Son regard scannait les environs à la recherche de son nouveau conteur.

Darienn s’étira de tout son long, appréciant les rayons du soleil sur sa peau. Le printemps allait doucement vers l’été et la température était plus appréciable. On lui laissait toujours le temps de souffler un moment après une longue expédition. Cela prenait des mois de faire le tour du continent, il le méritait amplement !

Vêtue d’une semble chemise à ficelles aux manches bouffantes d’un crème modeste, un pantalon brun foncé et des bottines, tout ce qu’il y avait de plus d’ordinaires, Darienn se sentait léger dans ses tenues civiles. Bien que le bleu de son uniforme lui donnait un air séduisant, cela avait tout de même un poids. Entre la veste, les protections, la sacoche, le matériel de survie… ils devraient fournir des montures à leurs postiers, rien que pour porter les affaires !

Quoi qu’il en soit, Darienn était heureux de ses journées de repos et appréciait davantage lorsque Corail accostait à Falaise car il y avait deux fois plus de chose à faire !
Les pas du jeune homme le conduisirent instinctivement à la Salle Communautaire. C’était un peu la Grande place de Corail, animé par un grand nombre d’étranger, un lieu de rencontre et de partage.

_Ne te perds pas, Sally, dit-il lorsque sa furette s’envola de son épaule

Lorsqu’il balaya les lieux des yeux le jeune homme crut apercevoir la cadette de la Mère de la Cité. Darienn n’était pas sûr de lui vu qu’il avait passé ses jeunes années enfermé dans le Grand Manoir, mais il avait des oreilles, des yeux et le fait d’être postier aidait beaucoup à entendre les bruits de couloirs. Surtout les petits vieux, il ne savait pas pourquoi mais les vieux adoraient les postiers pour parler avec eux. Il fallait avouer qu’ils étaient de très bon espions, de leur fenêtre ou leur banc ils observaient la vie et en voyaient et entendait beaucoup plus qu’on pourrait l’imaginer. De plus, Darienn avait toujours observé les fêtes de la très grande vitre de sa chambre, il pouvait aisément reconnaître les dirigeants qui, chaque année, recevaient des honneurs lors de la fête du Soleil.

Ils se seraient certainement entendus entre rejeton - plus ou moins désirés - de dirigeants. Le jeune homme repensa soudainement à la fête du Soleil où le plus jeune Meneur donnait à la jeune fille une couronne et un pendentif pour marquer le début de la célébration et se souvenir de leur alliance ancienne et éternelle. La cadette n’a sans aucun doute jamais reçu quoique ce soit, tout comme les autres enfants de Meneurs qui n’étaient jamais en avant puisqu’ils n’avaient pas gagné le titre de Dirigeants. Cette situation faisait compatir le jeune homme, surement par égoïsme miroir puisque lui-même aurait aimé plus de reconnaissance.

Prit d’un élan de curiosité, Darienn alla s’asseoir avec nonchalance à coté de la jeune falaisienne. Armé de son sourire ravageur, il annonça tout simplement :

_Enchanté mademoiselle.

Comme Darienn n’avait jamais fait de parution public, il ne serait pas étonnant que la jeune fille le confonde avec l’un de ses frères. Ce qui l’arrangerait bien tout compte fait. Et dans le cas où elle aurait mémorisé les descendants des Meneurs, il avait juste à nier tout lien avec eux, personnes ne pouvaient vérifier puisque les noms de familles n’existaient pas à Corail. Dans tout les cas il ne s’était pas présenter pour voir la réaction de son interlocutrice et s’adapter par la suite.

_Qu’est-ce que la cadette de Holly de Cleome peut bien attendre avec autant d’enthousiasme ?

Tout en observant les gens, Mari s’attachait à ne pas balancer trop ses jambes sur le banc, même si elle en mourait d’envie. Des groupes discutaient, des enfants jouaient au ballon, deux femmes âgées tricotaient tout en les surveillant… Une ambiance sereine, un quotidien rassurant mais qui manquait de piquant et d’agitation. La jeune femme s’apprêtait à abandonner sa quête et à aller mettre quelques buts avec les gamins lorsqu’elle sentit le regard de quelqu’un se poser sur elle. Depuis son champ de vision périphérique, elle le vit l’observer de loin.
Jeune, mais assez âgé pour avoir eu des expériences intéressantes, plus vieux qu’elle, mais bien assez jeune pour avoir encore des projets passionnants en cours. Et bien qu’elle ne soit pas physionomiste, elle pouvait dire sans trop de doute que ce n’était pas quelqu’un d’ici : sa tête ne lui disait rien. Un élan d’excitation la parcourut. Avait-elle trouvé son conteur ? Elle compta jusqu’à soixante dans sa tête. Si d’ici une minute, il ne se décidait pas à venir, elle, elle irait lui parler. A son grand plaisir, il ne la fit pas trop attendre. Elle atteignait à peine le vingt quand il vint lui adresser la parole.

- Enchanté mademoiselle. Qu’est-ce que la cadette de Holly de Cleome peut bien attendre avec autant d’enthousiasme ?

Wahou, ce sourire ! Mari en aurait rougi de plaisir si sa peau tannée lui avait permis ce genre de nuance. Personne ne l'appelait mademoiselle, ici, pour tout le monde elle était juste Maribel. Bon tant pis, elle n’arrivait pas à rester sérieuse aujourd’hui et ce beau garçon l’avait bien vu. Joueuse, elle répondit :

- Toi, visiblement !

Puisqu’il la connaissait, elle s’amusa à essayer de deviner son identité. La couleur de ses cheveux étaient assez caractéristique de Corail en tout cas, ce qui n’était pas étonnant vu que la cité mouvante était actuellement accostée au pied de Falaise. Il avait de beaux traits, de belles jambes, et une couleur de peau qui lui laissait penser qu’il était souvent dehors. Pourtant, à part sur le dos de la tortue, les Coraliens étaient plus souvent à l’intérieur qu’à l’extérieur non ? Elle posa donc son hypothèse, en imitant son interlocuteur.

- Qu’est-ce qui pousse quelqu’un de Corail à faire régulièrement tant de kilomètres au-delà de sa belle cité ?

Elle plissa les yeux, espérant avoir touché juste. Sinon, elle allait juste passer pour une sacrée idiote.