Hello belle inconnue ? |pv : Liv]

Revenant de Misty Harbor, Darienn marchait d’un pas vif, les quelques kilomètres qui le séparaient de Falaise n’était plus très loin et il lui semblait que Corail allait débarquer prochainement. Il avait jusqu’à demain au crépuscule pour monter sinon il serait bloqué à Falaise pour deux semaines. Non pas que cela lui déplaisait, mais il avait à faire à Corail et cela faisait des semaines qu’il n’avait pas vu sa grand-mère.
Sally dormait confortablement dans la sacoche à lettres vide de son maître, au chaud et dans le noir. Afin de ne pas la secouer de trop, Darienn n’activa pas son artefact, marchant à une allure humainement normale, le temps de la sieste de sa compagne. Afin de gagner du temps, le jeune homme entreprit de couper à travers la forêt, bien que cela était beaucoup plus dangereux que longer la rive.

Mauvaise idée puisque sans nulle doute puisqu’il ne tarda pas à entendre des animaux sauvages. Il était bien trop tard pour faire demi-tour et contourner ce lieu extrêmement hostile.
Entre les arbres, au loin, le jeune homme aperçu une silhouette. L’itinéraire le plus sûr pour se rendre à Falaise était de longer la rive afin d’éviter les animaux de la forêt, c’était le chemin que prenait tout voyageurs et convois qui ne voulaient pas risquer l’insécurité. Cependant, cette personne vagabondait à travers les arbres et sa modeste sacoche montrait clairement qu’elle n’était pas prête à se défendre en cas d’attaque. Mais voyager léger permettait de fuir plus rapidement ?

Darienn n’était pas un être empli de bienveillance mais il venait de semer un loup voilà déjà une demi-heure, passer à coté de cette personne sans rien dire serait presque une non-assistance en personne en danger… le peu de conscience qui lui restait allait le consumer après ça, c’était une évidence.
Le jeune homme s’arma de son plus beau sourire avant de rattraper la personne qui marchait devant lui, bien qu’il avait sa veste coté aventure, sa sacoche aux couleurs de son métier pouvait indiquer qu’il n’était ni briguant ni pirate.

La personne qui lui fit face était vêtue de brun avec un masque sur le visage. Ce masque était plutôt effrayant. Darienn n’était entré dans la cité de Neidrag qu’une fois de sa vie mais il lui semblait que ce genre de masque n’était utilisé que par ces habitants pour des raisons … médicales ? Il ne savait plus vraiment. Egalement, celle personne ne semblait venir de la même direction que lui, ce qui ne lui donna pas tant de difficulté à comprendre les origines de son interlocuteur.
Si une protubérance n’était pas visible au niveau de la poitrine, Darienn n’aurait pas pu deviner qui il avait en face de lui. Bien que les hommes lui plaisait autant que les femmes, il avait apprit qu’on s’adressait différent selon les personnes. Mais toujours avec un grand sourire.
Darienn n’était pourtant pas d’humeur généreuse, mais il fallait croire que la présence humaine, totalement absente depuis son départ de Misty Harbor, lui avait manqué.
C’est ainsi qu’il s’adressa à l’inconnue masquée, la voix radieuse et le sourire aux lèvres :

_Bonjour. Je suis navré de vous déranger mais hors du territoire des cités-états Alqara est très hostile, avez-vous perdu votre convoi ? Avez-vous besoin d’aide ?

_Bonjour. Je suis navré de vous déranger mais hors du territoire des cités-états Alqara est très hostile, avez-vous perdu votre convoi ? Avez-vous besoin d’aide ?

Darienn ne su quoi penser puisqu’il ne pouvait déceler aucune expression sur le visage de sa comparse humaine. Cependant, il garda son sourire, l’accentuant davantage, faisait creuser ses fossettes. Afin de se dissimuler en cas d’attaque, le jeune homme se baissa, se rendant également à la taille de la personne à ses cotés. Si ce geste aurait pu paraitre poli et bienveillant, car il était toujours plus agréable de parler à même distance, Darienn n’avait aucunement ce genre de pensées, lui, il voulait juste ne pas servir de déjeuner aux animaux.
Peut-être était-ce à cause de ce geste mais la femme (il était quasiment certain que c’était une femme) lui murmura presque :

_Bonjour, je n’ai pas perdu mon convoi non… J’ai bien peur que ce soit mon chemin que j’ai perdu.

L’inconnue avait la voix cassée, comme une personne ayant trop fumé ou trop crié durant des heures, un peu comme les poissonniers de marché dont les cordes vocales criaient à l’agonie. Ou alors il avait devant lui une vielle dame mais il n’y croyait pas vraiment, bien qu’il ne pouvait apercevoir de cette personne que ses cheveux sombres. Cette interrogation perturba légèrement le jeune coursier qui en oublia même de rebondir sur les paroles de son interlocutrice.

_Je me rendais vers Falaise. Je… J’aurais effectivement besoin d’assistance pour retrouver la bonne direction.

Le jeune homme acquiesça avant de relever la tête et regarder aux alentours, il fallait toujours être aux aguets dans cette forêt, après tout les légendes racontent qu’un monstre y vivait et que c’était pour cela que des aventuriers ont quitté ce territoire et sont devenus, de fils en aiguilles, les ancêtres du jeune homme.

_Vous… Vous êtes eumm, un postier ?

Le regard azur de Darienn revint sur l’inconnue avant de reprendre son sourire, il montra l’intérieur de sa veste d’un bleu royale aux rayures jaune, dès fois qu’elle n’aurait pas comprit sa fonction avec sa sacoche aux couleurs des coursiers.

_En effet, je parcours le monde pour vos courriers, madame.

Darienn aurait volontiers accompagné cela d’un clin d’œil enjôleur mais comme il ne pouvait pas voir les réactions de l’inconnue il ne se permis par cet écart. Plus tard, peut-être.
Remettant correctement sa veste, le bleu royal bien trop voyant à travers les bois, le jeune homme continua ses dires :

_ Je me rends également à Falaise, je dois embarquer sur Corail avant que la Cité flottante ne prenne la mer.

Le jeune homme sorti son cadran solaire de poche pour vérifier son affirmation. Comme tout meriens qui se respectait, Darienn avait l’habitude de manipuler cet objet et connaitre l’exacte jour et heure du calendrier grâce aux astres, dont le soleil. Il regarda rapidement le soleil entre les feuilles et décala légèrement son aiguille du cadrant.

_Je suis moins en retard que je ne le pensais. Si nous allons dans la même direction, que diriez-vous de faire le voyage ensemble ? Mais je dois vraiment embarquer alors il me faudrait une réponse présentement.

Avant que la personne ne lui réponde, Sally sortit son petit museau de la sacoche, attirant le regard de son propriétaire. L’animal tourna sa tête vers l’humaine au masque effrayant et commença à renifler l’air, se demandant si elle avait déjà vu cet étrange être quelque part. Concluant qu’il n’y avait pas de danger malgré l’effrayant masque, Sally retourna à sa sieste en poussant un petit cri aiguë l’air de dire « Appelez moi si vous avez besoin d’aide ». La brave bête était très vaillante pour sa petite taille.

_Ah oui, et si vous n’êtes pas allergique aux furet-ailés. Ne vous inquiétez pas, elle n’attaque pas les humains et à mon avis elle va passer le trajet à dormir.

_Ah oui, et si vous n’êtes pas allergique aux furet-ailés. Ne vous inquiétez pas, elle n’attaque pas les humains et à mon avis elle va passer le trajet à dormir.

_Je ne suis jamais allergique… Je veux dire que j’apprécierais grandement votre compagnie pour ce voyage…

Darienn se redressa pour reprendre la marche, il en avait encore pour un moment avant d’apercevoir Falaise et la marche lente de sa nouvelle compagne de voyage allait le ralentir. Il se dit que ce n’était pas une si bonne idée de lui avoir proposé son aide ; comment allait-il rattraper Corail si son inconnue s’avérait être plus lente qu’une tortue de mer ?

L’inconnue resserra ses bagages et Darienn aperçu finalement son brassard où se trouvait un triangle inversé. Il ne savait pas ce que cela impliquait il n’avait vu ce symbole que sur des habitants de Neidrag. Cette personne devait en être originaire, ce qui expliquerait davantage son itinéraire. Le jeune homme avait lu, lorsqu’il n’avait que ça à faire dans le temps, que ces habitants n’avaient pas une bonne constitution mais grâce à leur Artefact, il avait une bonne résistance aux maladies, il ne savait pas si c'était vrai ou si c'était une légende, il n'avait jamais eu de longue conversation avec un habitant de Neidrag. A cause de cela Darienn n’était entré qu’une seule fois dans la cité pacifiste, le plus souvent il offrait le courrier au premier habitant venu et repartait. C’était assez problématique pour avoir un toit sur la tête le temps de se ressourcer avant de reprendre la route. Malheureusement le plus souvent il n’avait pas le temps de s'attarder car sa tournée se poursuivait à Misty Harbor et les pirates étaient affreux comme client, le plus souvent impossible à trouver.  

_Après vous…

Le jeune homme acquiesça amicalement avant d’ouvrir la voie, il se permit d’avoir une marche lente pour relever ses manches et resserrer ses brassards. Même si cela ne pouvait pas totalement le sauver, ces protections lui avaient permit de ne pas finir démembrer à plusieurs reprises et il tenait bien trop à la vie pour se permettre de mourir dans cette forêt.

_Vous allez-vous blesser à vous replier ainsi sur de longues distances…

Darienn offrit son attention à sa comparse, se demandant d’abord de quoi elle parlait avant de lui obéir et se rendre compte que ses vertèbres le remerciaient. Il avait trop l’habite de se pencher en avant pour courir qu’il arborait par moment cette posture même pour marcher, heureusement qu’il s’en rendait parfois compte où il serait actuellement bossu. Le jeune homme étira ses bras pour remettre son dos en place.

_Je me nomme Liv…

Le jeune homme hésita à s’arrêter pour serrer la main de ladite Liv mais il n’était pas encore coutumier à Neidrag et ne savait pas vraiment comment on se saluait là-bas. Le jeune homme se contenta d’un sourire en acquiesçant en guise de légère courbette, continuant à marcher.

_Darienn, enchanté.

C’était tout de même un prénom très mignon « Liv ». Le jeune homme était de plus en plus curieux de savoir à quoi pouvait ressembler la personne qui le portait, mais « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Il ne savait pas d’où venait ce proverbe mais il l’appréciait beaucoup.

Toujours entrainant et trouvant de l’enthousiasme dans cette rencontre, Darienn entreprit de ne pas faire ce voyage dans le silence :

_Votre masque, c’est pour effrayer les animaux sauvages ? Il vous donne un coté féroce, me protégeriez vous avec contre les monstres ?

_Votre masque, c’est pour effrayer les animaux sauvages ? Il vous donne un coté féroce, me protégeriez vous avec contre les monstres ?

Darienn ne savait pas ce que pensait Liv, sous son masque, c’était vraiment compliqué de déterminer l’humeur d’une personne lorsque celle-ci cachait ses émotions, les rendant invisible. Darienn ne pouvait temporaliser ses réactions que par le timbre de voix de Liv, mais sa voix cassée lui faisait défaut. Il n’avait pas l’habitude de ne pas voir les réactions d’autrui, c’était un exercice nouveau et difficile.

_Peut-être… Oui, peut-être mon allure de grosse corneille à taille humaine ferait fuir de possibles prédateurs. Mais j’ai bien peur de vous décevoir, hormis camoufler à mes sens des relents de pourriture qui pourrait croiser mon chemin, je ne crois pas qu’il me protège plus que cela. Et avec lui, au moins, je ne fais pas fuir les pauvres hères qui croisent mon chemin.

Son masque avait la possibilité d’atténuer les odeurs ? C’était intéressant. Inutile pour lui, mais tout de même intéressant, cela voulait-il dire que Liv avait un métier en rapport avec les odeurs, quelque chose comme ça ? Ou qu’elle avait simplement un odorat très sensible ? La dame était réellement mystérieuse ce qui rendit Darienn très curieux au sujet de Neidrag. Avaient-ils tous ce genre d’accoutrement ? Il aurait du demandé plus de mission pour cette Cité et prendre la peine d’y séjourner. Bien que l’ignorance ne le peinait pas, il devait certainement sa culture à sa curiosité. Il se promit qu’à sa prochaine tournée à Neidrag il y passerait quelque temps histoire de comprendre les coutumes de ces habitants. Il regrettait d’avoir passé son enfance enfermé dans le Grand Manoir, autrement, il aurait peut-être pu admirer la Cité lorsque Corail accostait près de leur territoire pour faire commerce avec eux.

_J’avoue que je serais plus tenté de vous laisser le soin de nous protéger contre d’éventuels dangers… Le petit furet et moi-même pourrions prendre la fuite pendant que vous régalé une des bizarreries qui vit sans doute par ici.

Darienn ne savait pas si Liv n’avait pas aimé sa petite blague et la retournait contre lui ou si elle faisait également preuve d’humour. Sa joie de vivre en avait séduit plus d’un mais il semblerait que Liv soit totalement insensible à son rayonnement. Darienn ne savait pas comment le prendre mais décida que ce n’était rien, ils avaient encore énormément de route, un long moment pour converser et sortir Liv de sa névrose.

_Mais bon, je n’ai pas souvent de compagnon de voyage aussi… Expressif, évitons donc que l’un d’entre-nous ne finisse en repas et profite de cette rencontre.

Liv avait un vocabulaire très soutenu, venait-elle de l’aristocratie de sa Cité ? Darienn avait énormément de question aussi personnelles que désintéressées. Il ne comptait pas revoir Liv après leur marche commune mais elle suscitait chez lui le goût du voyage et de l’audace, l’envie de la connaitre sans la découvrir et d’aller à la rencontre d’une culture qui lui était inconnue. Il voulait l’inonder de questions sur Neidrag et ses coutumes mais il avait déjà du mal à faire une petite blague qu’il avait peur que sa compagne ne décide de le chasse de leur petit groupe tant il serait piètre interlocuteur.

_Ce n’était pas non plus mon souhait, lui affirma-t-il en se penchant légèrement sur le coté pour le lui affirmer avec plus de calme.

La forêt était étrangement sereine, cela le jeune homme le savait au calme de Sally. Les furets étaient des prédateurs et Sally arrivait à capter le danger lorsque ce dernier s’approchait trop près de son maître. Darienn se sentait serein tant que son acolyte ne s’agitait pas.

_Quel genre de compagnon de voyage avez-vous déjà eu dans ce cas ? Vous êtes très calme, j’imagine que vous cherchez un peu près ce calme lorsque vous choisissez vos camarades. J’espère que vous ne regretterez pas d’avoir accepté mon invitation, je suis assez bavard.

Darienn prit sa boussole pour vérifier qu’ils gardaient bien le cap. Il n’était pas habitué à couper par la forêt, avec toutes les créatures dangereuses qui y rodaient, et sortir le plus vite possible de cet endroit était certainement un souhait commun.
Habituer à marcher en manipulant diverse objets, le jeune homme garda la même allure an rangeant son instrument avant de demander, cherchant toujours à faire la conversation, espérant tomber sur un sujet que Liv trouverait assez passionnant pour se détendre à ses côtés :

_D’ailleurs, que faites-vous dans la vie ? Sans vous offenser vous ne semblait pas équiper pour des voyages longs et réguliers.

_D’ailleurs, que faites-vous dans la vie ? Sans vous offenser, vous ne semblez pas équiper pour des voyages longs et réguliers.

Le corps frêle de Liv était semblable à son visage masqué ; il ne trahissait pas ses émotions. Darienn se dit que le voyage allait être long, mais contre toute attente Liv se montra très … bavarde.

_Le plus souvent, je voyage en convoi avec mes compatriotes. Je ne cherche pas précisément le calme, je suppose qu’il vient le plus souvent à moi. Votre compagnie ne m'offense en rien, après tout, je voyage pour rencontrer et découvrir de nouvelles choses. Pour votre seconde question n’ayez crainte, vous ne m’offensez nullement. Je suis simplement étonné que vous ne l’ayez pas deviné.

Liv manipula son brassard comme pour le mettre en évidence et que Darienn y porte toute son attention, ce qu’il fit sans le cacher.

_Je suis médecin et je crains devoir vous contredire, j'arpente les routes du continent depuis très longtemps. Je me partage entre ma cité et celles qui s’éparpillent un peu partout. Malheureusement, je n’ai pas le luxe de me charger outre mesure de bagages quand je me déplace hors convoi. Mes remèdes et quelques babioles de rechanges sont plus que je n’ai besoin. Cela permet surtout de me joindre plus facilement à d’autres convois étrangers.

C’était donc une médecin de Neidrag. Darienn se sentit honteux de ne pas avoir reconnu ce genre d’accoutrement plus vite. Lorsque les familles des Meneurs étaient malades, Corail se dirigeait d’urgence vers Neidrag pour faire appelle à leur service car Corail était piètre dans le domaine médical tant et si bien que les accouchements se passaient, là plus part du temps, à Falaise. Les guérisseurs faisait plus de l’homéopathie que de la médecine, c’était affligeant quand on savait que Corail avait la plus grande Bibliothèque d’Alqara mais préférait apprendre à faire de beaux vêtements que se soigner. Les priorités étaient clairement à revoir mais ce n’était pas à lui de faire la politique de sa cité.
De souvenir, les habitants de Neidrag étaient très prudent, ils avaient très peur de se blesser mais le postier ne se souvenait plus de pourquoi cette peur de la souffrance. Darienn s’étonnait tout de même de voir une personne de cette cité sans convois. Elle ne semblait pas effrayée, elle était même très calme et paisible, l’hostilité des lieux ne semblaient pas l’atteindre puisqu’elle semblait en rire avec lui. Ou alors il ne voyait rien de tout cela à cause de son masque ?
Etrange personnage que cette femme.

_D’ailleurs voyager léger semble vous convenir aussi. N’est-il pas plus aisé de se déplacer ainsi ?

Darienn acquiesça sans once de réflexion. Voyager léger permettait de se déplacer aisément même si lui avait des protections à ses bras et son torse mais il a toujours pu se sauver car il voyageait assez léger pour courir, aidé de son artefact.

_Je me demandais vous qui semblez spécialiste du temps, pensez-vous qu’il faudra bivouaquer une fois sorti de cette forêt avant d’atteindre Falaise ?

_Oh non, si nous avançons tout droit on se retrouvera au sommet et nous pourrons pendre l’ascenseur.

Darienn sortit de nouveau sa carte pour montrer à Liv où ils se trouvaient  à peu près et la ligne droite qu’il comptait la faire emprunter.

_Vous voyez ici c’est le sommet de Falaise. Ils y font quelques cultures, rien d’extraordinaire comparée à vous, mais si on voit des champs entre les arbres c’est qu’on est arrivé.

Le jeune homme allait indiquer à sa comparse à peu près le temps qu’il leur restait de marche pour se rendre à Falaise mais sa furette surgit du sac et vola jusqu’au visage de son maître pour l’arrêter dans sa marche. Darienn eut un léger sursaut avant que son regard ne se dirige vers l’indication de sa furette et il aperçu entre les arbres un énorme amas de poils. Par reflexe, le jeune homme se cacha derrière le premier arbre venue laissant Liv en faire de même. Dans ces moments de danger, chacun sa merde.

Darienn se mit à réfléchir deux secondes une fois en sécurité et se dit que laisser une pauvre âme se faire dévorer par un animal sauvage faisait de lui un parfait salop, vivant mais salop, le choix était compliqué. Darienn pouvait semer cette bête mais Liv ne courait certainement pas assez vite pour ne pas finir dévoré. Ou alors les gens de Neidrag avait des jambes en béton et courait plus vite que les loups.
Le postier se tourna vers Liv, espérant vraiment que cette bête allait passer son chemin, mais au cas où il demanda, murmurant :

_Vous savez grimper aux arbres ?

Ce n’était pas une solution. Mais l’idée était que Sally fasse diversion pendant qu’ils s’enfuiraient. Les furets n’étaient pas les animaux les plus rapides mais ils étaient très agites et étant une hybride, Sally avait des sens beaucoup plus aiguisés, elle savait quand courir, quand ramper et quand s’envoler. La petite furette blanche se posa sur une branche, attendant les indications de son maître.

_Non.

Dommage.
En même temps, si cet animal était un ours, grimper aux arbres était d’une inutilité sans précédent. Darienn n’avait pas pu voir quel genre de prédateur était-ce, il avait seulement vu un gros pelage et son instinct de survie lui avait ordonné de se cacher par tout les pores de sa peau.

Liv avait finit par l’imiter, question de survie.

_Je ne suis pas certaine de savoir de quoi il s’agit… Mais dans tous les cas, ce qui vit ici est plus rapide que nous… Enfin que moi pour sûr. Si tu veux prendre tes jambes à ton cou, tu devras le faire dès maintenant avant qu’il ne te remarque… Mais selon moi, tu ne ferais que le stimuler à te poursuivre.

Darienn esquissa un sourire qu’il ne put contrôler. Avec son artefact, presque rien n’était plus rapide que lui, mais il avait peur d’avoir déjà trop utilisé sa relique  pour ne pas ressentir les effets indésirables s’il venait à utiliser de nouveau son arme secrète.

Liv se mit à chercher le salue de leurs âmes dans ses poches. Elle semblait bien trop sereine pour ne pas avoir préparé quelque chose en cas d’attaque. Peut-être que ce petit brin de femme cachait extrêmement bien son jeu et allait bondir sur la bestiole avec un couteau pour le tuer d’un seul coup sec. Son innocence était peut-être un leur pour des potentiels bandits, après tout elle avait toujours ce ton extrêmement calme en toute circonstance, ce qui était encore plus déstabilisant à présent.

_Penses-tu que c'est un animal d’odorat fragile ? Ou plutôt un genre de loup qu’on pourrait effrayer avec du feu ?

Darienn hocha négativement de la tête pour signifier qu’il n’en savait absolument rien et il ne voulait pas sortir de sa cachette pour le savoir. Dans tout les cas il fallait garder son calme car au-delà de stimuler l’animal par la fuite, si on odorat était sensible, transpirer allait accentuer leur propre odeur et les faire repérer.

Quelle idée de passer par la forêt, mais quelle idée !

Le jeune homme regarda Liv de haut en bas. Elle ne semblait pas lourde, les habitants de Neidrag étaient assez fluets, un bon métabolisme mais une carrure de bâtons, cependant sa sacoche de médecins devait être aussi lourde que la besace du jeune homme une fois remplie. Pouvait-il semer l’animal avec Liv sur le dos s’il activait son artefact ?
Peut-être.
Surement. S’il l’utilisait à pleine puissance, quitte à entrer dans un coma de deux jours.
MAIS.
Evidemment qu’il y avait un MAIS. Les artefacts étaient interdits, illégaux dirait-on, les citoyens lambdas n’avaient pas le doit d’en posséder et Liv saurait alors que les aristocrates meriens utilisent les artefacts non pour le peuple mais leur effet personnel. Ou alors elle le prendrait pour un voleur ou un hors-la-loi et le dénoncerait dès leur arrivé à Falaise où les matriarches lui confisqueraient son bien, ce qui pourrait créer des tensions s’il n’est pas rendu à Corail par la suite.

Sinon, il pouvait utiliser son artefact et abandonner Liv. Pas de témoins, pas de problèmes.

L’idée était tentante, vraiment. Darienn porta lentement sa main à son torse, là où se trouvait son pendentif. Il pouvait simplement l’activer et partir en courant sans rien dire, l’animal trouverait Liv et ça serait finit. Il serait sauvé. Il devait penser à survivre. Il ne la connaissait pas, il n’avait pas de devoir envers elle. Ce n’était pas grave, des gens mourraient chaque jour sur ces routes. Oui, ce n’était pas sa faute, c’était celle de la vie.
Simplement partir. Partir sans elle.
Mais une fois qu’il sentit son artefact sous sa chemise, sa conscience le rattrapa aussitôt. Il entendait sa grand-mère lui demander s’il voulait réellement être ce genre d’homme.
Darienn ne savait pas qui il voulait être, mais il avait longtemps méprisé la politique des Meneurs et leur façon de vivre sans prendre en considération autrui, il ne voulait pas faire ça. Il aimait voir les gens sourire en prenant leur courrier, il aimait les rires lors des fêtes, les voix joyeuses dans les bars et les caresses tendres sous un drap. Il aimait la vie, les humains. Et s’enfuir alors qu’il avait proposé son aide était comme s’il tuait Liv lui-même.
Il ne pouvait pas l’abandonner, il voulait pouvoir se regarder dans le miroir.

_On peut toujours essayer, personnellement je ne compte pas mourir ici donc tentons tout.

Darienn fouilla dans son sac pour trouver sa pierre à feu, essayant de faire le moins de bruit possible alors que l’animal se mit à grogner, mais Darienn n’était pas zoologue, il ne reconnaissait pas encore les différents bruits n’animaux, ni leurs empreinte. Il savait juste que si c’était gros avec de grosses pattes il fallait s’enfuir.
Le jeune homme regarda Liv, prêt à enflammer la première branche devant lui (ou toute la forêt s’il le fallait) et attendit ses instructions. Le visage ferme, le regard implacable, c’était la première fois qu’il était aussi sérieux et concentré depuis qu’il avait quitté Misty Harbor.
Il n’aurait vraiment jamais du passer par la forêt.

_Si rien ne marche, cours le plus vite possible vers Falaise, j'essaierais t'attirer son attention sur moi, je cours très vite, je saurais le semer.

_Si rien ne marche, cours le plus vite possible vers Falaise, j'essaierais t'attirer son attention sur moi, je cours très vite, je saurais le semer.

Cette élan de courage semblait étonnant venant de Darienn, mais il fallait sans dire que si ce dernier disait cela ce n’était pas par gloire et honneur mais bien parce qu’il était certain de s’en sortir et loin du regard de Liv il pouvait aisément utiliser son artefact pour semer la bête. Même si les contes ancestraux parlaient d’un monstre dans ces bois, que personne n’a jamais pu décrire car personne n’a réussis à lui échapper, hormis Camélia et Benild, Darienn était presque certain qu’il pourrait y survivre, son optimisme lui donnait de l’espoir.

Liv prépara une fiole qui s’apparentait à une bombe artisanale, Darienn observa avec minutie les gestes de sa comparse, comme si la concentration allait les sauver face à tout les animaux sauvages qu’ils pourraient croiser. Vu la couleur de la fiole, Darienn y croyait réellement. De toute manière ils n’avaient plus trop de solution et leur vie était en jeu.
Sous son masque effrayant, Liv murmura :

_Je suis désolée d’avance pour l’odeur.

Darienn hocha la tête de gauche à droite. Si cela allait les sauver il serait prêt à garder l’odeur sur ses vêtements pendant des jours s’il le fallait !

Liv tendit l’arme de leur salue au postier en lui indiquant qu’il était préférable que ce soit lui qui joue à la balle avec le prédateur. Le jeune homme le prit avec précaution pour le poser au sol afin de pouvoir allumer la mèche.
Darien gratta une première fois sa pierre à feu, sans succès. Il gratta une seconde fois, une odeur de fumée commença doucement envahir ses narines mais la tissu ne flamba pas. Le jeune homme prit une profonde inspiration pour se concentrer et allumer cette foutue bombe !

Mais, soudainement, Sally se jeta sur les mains de son maître qui tenait fermement la pierre à feu. Surpris, Darienn lâcha l’instrument sans avoir fait son feu, il suivit sa petite compagne des yeux qui retourna sur sa branche pour regarder le prédateur, elle s’assit très sereinement sur la branche comme si elle observait quelque chose d’anodin. Curieux, le postier se leva, délaissant sa mission, et fit légèrement dépasser sa tête pour voir la bestiole. Puis il eut un fou rire incontrôlable.

Il laissa Liv regarder par elle-même tant  il ne pouvait pas s’arrêter de rire. Ses poumons lui firent mal aux côtes et il du s’asseoir le temps de se calmer.

C’était un animal de la famille des bovidés, totalement inoffensif mais dont la fourrure dense et imposante faisait fuir ses prédateurs qui pouvaient les confondre avec un ours, entre les brouillades. C’était certainement pour cela que cet animal restait souvent entre les buissons. Si Darienn ou Liv avaient eu le courage de regarder davantage, peut-être auraient-ils pu apercevoir sa tête d’herbivore mastiquant les hautes fougères. Cette brave bête s’était surement éloignée de son troupeau par mégarde. Le rire du jeune merien fit fuir la bestiole qui meugla de surprise.

_Plus de peur que de mal. Ouh la la … En tout cas tu as un self-control admirable.

Darienn s’était rendu compte que cette expérience avait effacé le vouvoiement qu’il y avait entre eux, ce qui n’était pas si mal dans le fond. Il se redressa en redonnant à Liv sa fiole étrange et rangea sa pierre à feu. Ils avaient évité de mourir pour cette fois, il espérait que leur bonne étoile allait encore les protéger le reste du voyage.
Le postier invita Liv à continuer leur route. Il serait regrettable d’être encore dans les parages à la nuit tombée.

_Dommage que ce ne soit pas des animaux très dociles, on aurait pu monter dessus jusqu’à Falaise.

_Dommage que ce ne soit pas des animaux très dociles, on aurait pu monter dessus jusqu’à Falaise.

Sous son masque – toujours aussi effrayant – Liv semblait échapper un petit rire rauque, sûrement du à sa voix légèrement brisée. Cette femme était donc capable de rire. Darienn en avait douté mais il fallait croire que ce n’était pas une machine qui se trouvait sous ces jupons. Malgré la froideur de Liv, ce petit rire, infime et raisonnant tel un cristal dans un gouffre, avait trouvé du charme aux yeux du postier. Si leurs vies n’étaient pas menacées dans cette forêt il lui aurait certainement fais la cour afin qu’elle lui dévoile son visage. Pour le moment il ne pouvait que l’imaginer. Jeune ? Vieille ? La peau douce ou les traits sévères ? Peut-être lui demanderait-il à la fin du voyage, le dernier souvenir d’un médecin rencontrée en pleine forêt.

_Eh bien… voilà qui était… vivifiant…

La brave chercheuse n’avait pas tord, mais une fois l’adrénaline descendu un coup de moue se fait généralement sentir. Darienn profita de marcher pour se maintenir en éveille alors que Sally vint sur son épaule, le dos droits, plus aux aguets que son maître. Elle avait pour habitude de monter la garde lorsque ce dernier n’était plus apte à le faire, une grave bête malgré sa petite taille.

_Une fière petite créature que vous… tu as là. Peu commode à chevaucher malheureusement.

Darienn eut un léger rire alors que Sally n’eut aucune réaction. Elle ne devait pas comprendre que ces humains parlaient d’elle. Elle se contentait d’observait la forêt pour leurs sauver les fesses, une fois de plus.

_C’est même plutôt moi qui lui sert de monture.

Liv s’étira et Darienn eut un léger bâillement. Ils n’allaient certainement pas faire long feu mais ce n’était pas le moment de prendre de pause. Ils devaient marcher pour se maintenir éveillé mais également pour quitter la forêt le plus vite possible. Ce n’était pas une traversée touristique et ils n’étaient en sécurité nulle part entre ces arbres.

_Nous reprenons donc la route avec tous nos membres attachés à notre corps. Mais, dis-moi, tu as semblé souffrir tantôt.

Le jeune homme se tourna vers sa comparse, sans comprendre. Elle se tapota la poitrine pour illustrer le geste de Darienn. Ce dernier lâcha un léger « Aaaaah … » alors que son cerveau activa la totalité de ses neurones pour trouver une excuse plausible, sereine et intraitable.

_Une fois arrivée dans une zone sécuritaire, je peux faire un rapide examen. Histoire de vérifier.

Liv balaya rapidement l’être de Darienn, comme si elle englobait tout son corps. Le jeune homme était loin d’être pudique et l’idée de profiter de la situation était tentante, mais pas en territoire hostile. Il se ressaisit et s’éclaircit la gorge avant de répondre tout simplement :

_Ce n’est vraiment pas nécessaire. C’est un vieux reflexe de vérifier que mes protections sont bien attachés lorsque je suis en danger.

C’était un demi-mensonge, mais les demi-mensonges étaient les plus convaincantes. Pour illustrer ses propos, le jeune homme souleva légèrement sa veste pour que son semi-plastron soit à vue de la médecin.
Il ne pouvait pas savoir si cela avait convaincu Liv à cause de ce fichu masque mais il l’espérait, auquel cas il avait d’autre mensonge sous la main qu’il pourrait utiliser par la suite. Et si rien ne fonctionnait, il connaissait une pirouette de rattrapage qui ne lui avait jamais fais défaut qu’à présent, la séduction. Une fois cela mis en place soit on le repoussait soit cela partait en nuit de folie mais dans tout les cas ils évitaient les réponses inavouables.

_A cette allure on va surement devoir s’arrêter pour la nuit. Il faut mieux faire un feu de camp à la clairière et repartir aux aurores pour arriver avant que Corail ne s’en aille. Tu penses pouvoir encore marcher quelques heures sans pause ?